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AG 2013 : Rapport Moral et Rapport d'activité de l'année écoulée

Comme chaque année depuis 8 ans maintenant, le collectif Non à Val Tolosa - Non aux Portes de Gascogne réunit les adhérents de l'association pour l'Assemblée Générale ordinaire. Ce soir du 15 janvier, ce sont une cinquantaine de personnes qui ont répondu présentes, et prés de 80 votants (comptant les pouvoirs) pour discuter et voter les résolutions sur la vie de l'association.

Comme le veut la tradition c'est la Présidente du collectif qui a prononcé le discours pour présenter le rapport d'activité et le rapport moral de l'année écoulée.

Rapport d’activité 2013

Après l’AG du 16 janvier 2013 et l’intégration de nouveaux membres au CA, nous étions conscients que l’année à venir ne serait pas de tout repos. Nos craintes ont été largement dépassées par la réalité !

Pourtant tout a commencé plutôt bien, du côté de la médiatisation de notre combat, par la visite d’un soutien de marque : le 16 février José Bové est venu sur plateau, en bottes et avec la pelle pour planter un pin sylvestre du Larzac. La manifestation organisée par EELV et largement médiatisée nous a aidés pour relancer le débat autour du projet et répliquer opportunément à la grosse machine de communication mise en route par Unibail au même moment : le nouveau nom de Val Tolosa est officialisé, un nouveau site internet très design et surtout très écologiquement correct est créé, les réseaux sociaux sont sollicités professionnellement. 

Les promoteurs organisent le 27 février une conférence de presse dans les locaux même de Pôle Emploi à Colomiers en présence du maire de Plaisance Louis Escoula. Des chiffres fantaisistes de 5000 empois créés sont avancés, le début des travaux annoncé pour l’automne.

Nous avons commencé à réfléchir à une riposte adéquate. Parallèlement, le nom de Val Tolosa, que nous ne souhaitions pas promouvoir jusqu’alors, s’est imposé à nous et le groupe action a dû se remettre au travail pour créer de nouvelles banderoles avec le nouveau logo « Collectif Non à Val Tolosa - Non aux Portes de Gascogne ».

Parallèlement, le volet juridique continue à nous occuper. Le 20 avril 2013, notre avocate Maître Alice Terrasse dépose au TA de Toulouse un nouveau mémoire en réplique à celui déposé en toute fin d’année par la partie adverse. Nous pensons que la pertinence des arguments devrait convaincre les juges à condition qu'ils veuillent bien les prendre en compte dans toutes leurs dimensions. Hélas, nous apprendrons plus tard que tel ne fut pas le cas.

Le printemps nous apporte également un nouveau sujet d’étude que nous ne maîtrisions pas jusque là : la protection de la biodiversité et sa déclinaison administrative dans le dossier qui nous occupe. Après avoir atteint un niveau honorable dans les domaines de l’urbanisme, des transports collectifs, des réseaux routiers, de la politique commerciale de la grande distribution, de la stratégie de développement d’une entreprise du CAC 40, après avoir appris à affiner nos analyses des positionnements politiques locaux, nous nous plongeons dans la dimension environnementale du projet. Nous réussissons enfin à récupérer les études environnementales commanditées par Unibail-Rodamco d’un côté et le CG31 de l’autre. Nos conclusions nous amènent à penser qu'un nouveau report sera nécessaire pour le début des travaux, et que l’été devrait se passer sans engin sur le plateau. Par contre, rien ne nous permet d’espérer que ces nouvelles contraintes environnementales pourront arrêter l’élan destructeur des promoteurs. Le 14 mai 2013, la Commission Nationale de Protection de la Nature se réunit à Paris pour donner son avis sur les 2 dossiers de demandes de dérogations pour destruction d’espèces protégées. Le collectif a préparé un dossier exhaustif et argumenté pour aider les associations de protection de la nature siégeant à cette réunion, mais malgré tous ses efforts, les soutiens d’Unibail remportent de justesse la décision en faveur du projet, tandis que le dossier présenté par le CG pour les routes reçoit un avis défavorable.

Le travail sur ce nouveau dossier nous a permis de nous rapprocher de deux associations reconnues, France Nature Environnement Midi Pyrénées et Nature Midi-Pyrénées. Cette coopération s'avère très précieuse dans ce domaine très pointu.

Le nouvel axe de communication d’Unibail-Rodamco pour justifier le centre commercial, à savoir la création massive d’emplois, nous a incités à travailler sur un contre-argumentaire qui détricote les arguments fallacieux et abus de langage des porteurs du projet, exercice difficile dans le contexte d’un chômage accru sans perspective de renversement rapide. Juste avant la pause d’été nous communiquons nos réflexions sous forme de tracts (6000 ex.) selon un mode d’action bien rôdé : 4 équipes matinales aux ronds-points stratégiques de Tournefeuille et Plaisance et sur le plateau.



Une veille est organisée pendant la pause d’été pour alerter, si nécessaire, au moindre mouvement de tractopelle. En fait, le vrai coup bas vient sous forme d’un acte administratif désastreux, à savoir l’arrêté préfectoral permettant la destruction d’espèces protégées en suivant l’avis favorable de la CNPN. La date de la signature, le 29 août 2013, a son importance car, deux jours plus tard, entre en vigueur une nouvelle disposition qui aurait nécessité une consultation publique pour ce type de dérogation. Le préfet a estimé inutile d’attendre cette date, le collectif est choqué par tant de mépris pour le respect des lois et considère cet acte comme une forfaiture.

Pour accompagner notre présence physique sur le plateau pendant l’été, nous lançons une opération médiatique le 2 août pour les vacances présidentielles sous la forme d'une suggestion de lecture. En réponse à "Plus vite la France" pamphlet de Guillaume Poitrinal, ex PDG d'Unibail, présenté comme livre de l'été de François Hollande l'année passée, nous adressons à l'Elysée une lettre ouverte, accompagnée du livre "Encaisser" de Marlène Benquet.

Pour clore les vacances d’été, nous «festoyons» avec nos amis et fidèles soutiens d’Utopia dans leurs jardins de Tournefeuille pour célébrer leurs 20 ans, tout en animant un stand d’information.

Une rentrée difficile, sous le choc de l’action préfectorale et la menace concrète de début de travaux de préparation du terrain selon le calendrier arrêté par les promoteurs. En effet, le 7 octobre a lieu le piquetage du terrain, immédiatement relevé par nos sentinelles. Suivent immédiatement le décapage et le terrassement de la totalité de l’emprise du terrain. Confrontés à la situation, nous n’avons pas réussi à mobiliser des forces qui auraient pu s’opposer aux engins de BTP, une leçon à tirer pour la suite des évènements.

La rentrée nous promettait également de voir notre recours contre le permis de construire en instance au TA de Toulouse depuis 2009 enfin examiné en audience, la date étant fixée au 24 octobre 2013. Une grosse mobilisation autour de cet événement se met en place, la médiatisation est au plus haut et la présence de plus de 80 personnes du collectif à l’audience et devant le tribunal avec banderoles et pancartes témoigne de la confiance qu'elles ont dans le sérieux des arguments avancés. La déception sera d’autant plus grande à la sortie, aucun des arguments développés avec brio par notre avocate Maître Alice Terrasse n'ayant été retenue, une procédure étrange qui nous a appris que la justice n’est pas seulement lente mais aussi peu transparente pour le citoyen.

En attendant le jugement annoncé pour la fin du mois de novembre, nous décidons de répondre par une manifestation inédite contre la décision préfectorale précipitée en organisant une marche du plateau de la Ménude à la Préfecture à Toulouse le samedi 9 novembre.
La marche, d’une longueur de 18 km et d’une durée de 7 heures a été un grand succès, une cinquantaine de personnes l’a effectuée dans son intégralité et les différents points de ralliement ont fait grossir le flot jusqu’à envahir le Pont Neuf de façon impressionnante. Une délégation de 5 personnes a été reçue par le Directeur de Cabinet du préfet. Bilan de l'entrevue : une écoute attentive, mais sans réponse concrète à ce jour.

Le 29 novembre a été rendu public le jugement défavorable à notre demande d’annulation du permis de construire, sans surprise pour nous. La question de faire appel est posée et sera tranchée en début d’année prochaine.

Dernière démarche : Thomas Penel avait sollicité, au nom de l'association des commerçants de Tournefeuille membre du collectif, un RV auprès du Président de la CCI de Toulouse. Cette demande, faite depuis le printemps, a enfin été honorée. Alain di Crescenzo et son directeur de cabinet ont donc reçu en fin de soirée du 13 décembre Thomas Penel accompagné de Jutta Dumas. La rencontre était informelle, le ton cordial, le résultat est attendu pour ce début d’année. Sans surprise, Mr Di Crescenzo nous a confirmé son opposition à ce type d’équipement commercial dans la surdimension prévue, mais sans garantie d’une action quelconque de son institution.


Rapport Moral 2013

Difficile de résumer cette année dans tous ses aspect.

En apparence, au vu des événements négatifs de cette année 2013, nous n’arrivons pas à inverser le rapport de force, fortement déséquilibré dès le début de notre combat. L’espoir d’avoir trouvé, dans le dossier des dérogations et mesures compensatoires, un levier pour retarder de façon significative le projet pour arriver à l’abandon définitif ne s’est pas concrétisé. Au contraire, nous avons essuyé de sérieux revers, tant sur le plan administratif que juridique : signature de l’arrêté préfectoral de façon précipitée sous pression de l’administration centrale et rejet de notre recours contre le permis de construire par le TA.

S’y ajoute l’image d’un début de saccage du terrain sur le plateau de la Ménude, insupportable agression visuelle pour tous ceux qui y passent, quotidiennement ou occasionnellement.

Est-ce par naïveté que nous croyons toujours possible l'abandon définitif du projet du méga centre commercial ou avons-nous raison de persévérer dans notre combat, contre vents et marées, en nous appuyant sur notre force forgée depuis bientôt 10 ans et comme votre présence nombreuse encore aujourd’hui le prouve, intacte et plus motivée que jamais.

La réponse est déjà dans ma question : bien sûr que nous allons continuer à mobiliser tous nos moyens et utiliser tous les canaux possibles pour faire connaître notre point de vue. Et sur ce terrain-là, l’année a été riche en ralliements et déclarations en notre faveur, je n’en cite que les plus significatifs, dans le désordre :

  • Lors de la manifestation du 16 février d'abord :
- José Bové  et toute l’équipe régionale d’EELV, 
- les représentants locaux du Front de Gauche
  • Lors d’un petit déjeuner–débat en septembre consacré au commerce en centre ville en présence du maire de Toulouse, Pierre Cohen : en réponse à une question de Françoise Berjoan, celui-ci s’est exprimé pour la 1ère fois sur le sujet et très clairement en faveur de notre position. Cette déclaration tenue dans le cadre du monde des affaires a eu des suites médiatiques importantes et provoqué une réaction furieuse du représentant local d’Unibail.
  • Lors du même événement, Benoit Bougerol, le repreneur-sauveur de la librairie Privat à Toulouse et nouvelle coqueluche du monde des affaires locales a dépeint un tableau apocalyptique des conséquences pour le commerce de proximité et de centre ville qui lui vaut notre trophée symbolique du meilleur porte-parole de notre cause de l’année.
  • L’eurodéputée Catherine Grèze en réaction à l’arrêté préfectoral a saisi la commission européenne à Bruxelles de la question dans une procédure d’urgence, nous attendons leur réponse sous peu.
  • Lors de notre marche du 9 novembre, à l’occasion de la halte devant la mairie de Tournefeuille, le maire Claude Raynal est venu à notre rencontre en réaffirmant son soutien et surtout sa conviction que rien n’était joué, qu’il faut tenir bon. Par son intermédiaire, le président du CG nous envoie des signes et de par son silence appuyé manifeste sa volonté de donner du temps au temps...
  • A la même occasion, Jean-Jacques Bolzan, fidèle soutien à notre cause et néanmoins présent sur la future liste de Jean–Luc Moudenc, montre la profonde division du monde politique local sur le sujet.

Beaucoup de journalistes ont pris soin d’étudier de près nos positons et sans pouvoir le dire clairement ont fini par prendre au sérieux nos arguments et démonstrations.

Alors, oui, le contexte a changé, notre 1er objectif sera donc de renforcer ces soutiens, d’élargir ce cercle d'influences et de faire ainsi la démonstration que le vent à tourné, que l’anachronisme du projet que nous mettons en avant depuis le début devient de plus en plus évident pour finir dans les poubelles de l’histoire, à l’instar du 2ème aéroport toulousain, de la culture en plein champ d’OGM, de la viande aux hormones et toutes ces pseudo avancées dont souffre notre société.

Nous, les membres du CA et du bureau avons essayé, avec nos moyens et toute la disponibilité nécessaire aux moments clés, d’être dignes de votre confiance, vous pouvez compter sur cette même combativité pour 2014. A vous d’être présents, aux RV mensuels dans cette salle et, selon les circonstances, comme vous avez pu le montrer par le passé.

Ensemble, Garderem la Ménude !

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